Comprendre le New-Deal vert aux États-Unis

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Rafaël Gutierrez (élève de TES1) a présenté un article à l’Atelier Sciences Po cette semaine sur l’opportunité de lancer un New Deal vert aux États-Unis. Voici quelques extraits de son intervention. 

 

       

         Depuis plusieurs années, la politique américaine est secouée par d’intenses débats concernant le réchauffement climatique. Le Président américain Donald Trump ayant retiré le pays des accords de Paris de 2015, les discussions n’ont fait que s’amplifier.

         Dans cet article de Robinson Meyer, paru dans The Atlantic le 8 février 2019 et repris en français dans Courrier International, intitulé « Avec le “New Deal Vert”, les jeunes prennent la question climatique entre leurs mains », il est question du “Green New Deal”, récemment proposé et rentré dans l’agenda politique des États-Unis. “En quoi consiste le New Deal Vert et comment est-il reçu sur la scène politique américaine ?”

 

         Alexandria Ocasio-Cortez, une parlementaire influente au Congrès, a présenté le 7 février dernier un plan pour un New Deal Vert, un projet qui vise à transformer l’économie américaine au service de la lutte contre le changement climatique. Ce projet de “mobilisation nationale” est comparé au “New Deal” une politique de grands travaux entreprise par Franklin Delano Roosevelt au début des années 30 afin de relancer l’économie américaine suite à la crise de 1929. Malgré des formulations parfois un peu vagues ou irréalistes, c’est le premier projet de ce type qui fasse l’unanimité auprès des ONG écologistes de la gauche (notamment le Sunrise Movement qui est l’association dirigée par des jeunes qui a fait connaître le New Deal Vert en novembre). Comme on nous l’explique, le but de la résolution est qu’aucun secteur de l’économie n’échappe aux transformations, que ce soit la création de centrales solaires dans le désert, la construction de lignes à grande vitesse dans le Midwest ou un recrutement massif d’ouvriers pour protéger des intempéries les bâtiments à travers le pays. Un autre but est de garantir aux Américains un emploi dont “le salaire permet de subvenir aux besoins de la famille”, d’instaurer un congé parental payé et de renforcer le droit syndical, ce qui prouve que le projet ne recouvre pas uniquement des aspects économiques et climatiques mais aussi sociaux.

 

         Nancy Pelosi a qualifié l’initiative du New Deal Vert de “rêve écolo, ou un truc du genre”, déclaration à laquelle Ocasio-Cortez répond qu’elle pense elle-même qu’il s’agit de cela, en affirmant que le premier New Deal semblait tout aussi chimérique. C’est d’ailleurs avec une manifestation du Sunrise Movement dans le bureau de la présidente trois mois avant la parution de cet article que le projet a fait irruption dans le débat public. En tout cas, tandis qu’à la Chambre des représentants les démocrates adopteront peut-être la résolution, elle ne sera sûrement pas débattue au Sénat où les Républicains conservent une importante majorité. Quatre candidats démocrates à la présidentielle se sont prononcés en faveur de ce programme qui a réussi à fédérer l’ensemble de la gauche, et c’est surtout pour l’élection de 2020 qu’il représente un enjeu majeur, puisque le New Deal Vert est désormais une idée centrale en matière d’écologie pour le parti démocrate. Greg Carlock, conseiller en politique pour l’organe de réflexion Data for Progress et militant d’un New Deal écolo, déclare que c’est aux millennials de prendre le sujet à bras-le-corps, et de régler la question du climat une bonne fois pour toute. Il ajoute que le monde entier est en train de regarder ce qu’un petit groupe de millennials américains peut faire au Congrès. Il est vrai que le New Deal Vert est bien différent de l’approche d’autres pays, dans le sens où pendant que certains économistes plaident pour une éco- taxe qui répercuterait les effets de la pollution sur les prix des biens de consommation, Ocasio-Cortez (même si le projet pourrait comprendre une petite taxe) semble rejeter cette approche dans son ensemble, considérant l’initiative sur le climat plutôt comme une politique de grands projets. Elle affirme d’ailleurs que le projet est un investissement et que pour chaque dollar dépensé dans les infrastructures, plus d’un dollar sera récupéré.

 

        Finalement, l’article précise que le New Deal Vert soulève tout de même des débats inévitables, la plupart environnementaux, notamment parce qu’il ne se prononce pas sur des questions polémiques telles que le nucléaire, ou la capture et le stockage du carbone, une technologie peu développée capable d’aspirer le CO2 dans l’atmosphère et qui pourrait, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, limiter le réchauffement climatique à 1,5 degrés. L’auteur finit par indiquer que pour le moment, les progressistes partagent un même objectif : faire que ce programme qui associe politiques sociales et écologistes soit aussi important pour le parti démocrate que la santé. Certains qualifient en plus le New Deal écolo de “rafraîchissant, avec un ancrage dans les classes laborieuses, et qui casse les codes”, espérant qu’il est appelé à durer.

 

        Pour conclure, on peut dire que le New Deal Vert consiste en un projet propre d’une politique de grands travaux, qui touche les domaines économiques, sociaux et écologiques, et qui est à l’origine d’une ambition et de discussions sur le plan politique ainsi que de débats environnementaux.